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Le dernier 499/498 Bruxelles-Chur (Coire) 18 novembre 2003
Le dernier train de nuit belge n’est bientôt plus
Depuis l’année dernière la SNCB a entamé une politique d’épurement budgétaire. Les premières victimes furent les produits qui ne sont pas soumis au contrat de gestion, à la notion de service public, qui n’emploient pas de cheminots et qui dans l’état des choses n’étaient pas ou peu viables pour elle. Ces victimes furent les trains de nuit. La première liaison à souffrir de cette politique fut le Bruxelles – Milan - Venise qui cessa le 14 décembre 2002. Les trains de neige circulèrent toute la saison d’hiver.2002-2003 Les auto-trains se sont, eux, définitivement arrêtés ce 26 septembre 2003. Le dernier train de nuit régulier à traverser la Belgique après le 12 décembre 2003 restera le Paris - Bruxelles - Berlin/Hambourg affrété par la DBnachtzug (filiale des Chemins de fer Allemands). Mais le privé est déjà présent sur le marché. Une société hollandaise organise des voyages en trains de nuit pendant les hautes saisons depuis les Pays-Bas. Il semblerait qu’un train de nuit de cette société Euro-Express-Treincharter soit déjà programmé à destination des stations de ski pour un nombre limité de clients belges.(www.skitrein.nl). Cette démarche hollandaise semble aller à contre-courant des informations et des arguments proposés par la SNCB. La
première grande entreprise européenne vieille 127 ans, l’ex-Compagnie
Internationale des Wagons-Lits créée par le belge Georges Nagelmackers, va clôturer
les comptes de l'activité ferroviaire en Belgique. Il est paradoxal de se
rendre compte que celle qui a rapproché les nations européennes avec ses
express et autres trains de nuit tout au long de la fin du XIXème et du XXème
siècle succombe à un ricochet de la réglementation de la libéralisation du
chemin de fer. Et ce alors que l’activité ferroviaire de l’ex-Compagnie des
Wagons-Lits se portait financièrement bien au point de ne pas économiser sur
des bouts de chandelles. Dans
un mois, le métier de conducteur wagons-lits et de couchettiste, en Belgique
aura disparu. Dans un mois, plusieurs hommes se retrouveront avec les indemnités
de licenciement en poche et sans plus le métier qu'ils ont exercé. Environ 200
personnes vont se retrouver à devoir s’adapter à un nouveau rythme de vie,
à un nouvel emploi, à une nouvelle cadence pour les plus chanceux. Une telle
expérience professionnelle intéresse si peu d’employeurs. Que dire de ceux
qui pré-pensionnés n’ont ni le désir ni l’envie de se voir extraire de la
vie active si rapidement! Le
soir du 12 décembre vers 22H15 partira le dernier Bruxelles – Coire (Chur),
le dernier train de nuit belge et les derniers couchettistes. L’ensemble du
personnel de la Compagnie des
Wagons-Lits et quelques représentants des travailleurs des chemins de fer se
retrouveront ce soir-là pour saluer une dernière fois ce train. |